Livret du nouvel album "Déroutes. Des routes ?"
Textes : Guilhem Gottardi sauf "Le baiser" (Germain Nouveau)
Photographies et conception graphique : Patrick Batard
Octobre 2017
La force des larmes
Les doigts du vent sur la guitare
L’oreille ouverte à l’unisson
Du fond de mon cœur qui s’égare
Je voudrais hisser la chanson
Mais une voix me dit tout bas
Qu’il n’est plus de place à mes rêves
Et que le jour froid qui se lève
Nous mènera droit au combat
Ainsi de ma plume à ma lyre
Tapant du pied claquant du bec
Je m’enorgueillis je délire
En me disant « faut faire avec… »
Mais quelquefois je m’interroge
Et je me dis quand même un peu
Que dans ce triste état des choses
Il faudrait tout faire pour que…
Que la force des larmes
Fasse la paix des armes
Que la force d’aimer
Fasse la paix
Qu’avons-nous donc laissé se perdre
Pour aujourd’hui arriver là ?
Chant d’un oiseau, goût d’un brin d’herbe
Odeur de paille et de lilas
Dans les banlieues des villes tristes
Plus rien n’a de goût ni d’odeur
Quand on vit pour l’argent du beurre
On assassine le touriste
Qui met le nez dans les affaires
Où règne la loi du plus fort
Syrie-city, import-export
Et prêt pour mourir à la guerre
On oublie tout et la valeur
Même de la personne humaine
Raison de plus d’ouvrir nos cœurs
De ne pas céder à la haine
Pour qu’la force des larmes
Fasse la paix des armes
Que la force d’aimer
Fasse la paix
Oui mais rien ne fait jamais source
Que le cours du sang. Le ruisseau
Des pleurs toujours finit sa course
Au fond d’un sceau, au fond d’un sot
Que l’on remise aux oubliettes
En attendant l’hiver prochain
Lorsque la nouvelle tempête
Nous ramènera nos chagrins
Alors on s’étonne on s’agite
On fait mine qu’on savait pas
On se prend la main on s’invite
Et on se dit « plus jamais ça »
Mais entre-temps le mal est fait
Elle a grossi la bête immonde
Réagissons avant les faits
Et que la terreur nous inonde
Que la force des armes
Fasse tarir les larmes
Que la force d’aimer
S’éteigne à tout jamais
Car nos enfants eux ont des rêves
A ne plus finir ils y croient
Ils sont la vie ils sont la sève
Veulent qu’on leur montre la voie
Et d’où qu’ils soient et d’où qu’ils viennent
Le même dieu brille en leurs yeux
Et pour peu qu’on les aime un peu
Ils sont la meilleure des graines
Alors arrosons-les sans cesse
De notre amour et de nos pleurs
Faisons fleurir notre tendresse
Dans le terreau de nos malheurs
Faisons retentir les couleurs
De notre belle race humaine
Et qu’en l’arc-en-ciel de nos peines
Naisse l’espoir de jours meilleurs
Il n’y aura plus de larmes
Il n’y aura plus les armes
Et on pourra s’aimer
A tout jamais
Guilhem Gottardi - janvier 2016